Six mois sans voiture individuelle : bilan personnel et financier

consommation mode de vie Sep 20, 2017

Il y a 6 mois presque jour pour jour, nous disions adieu à notre voiture familiale et tentions l'expérience de ne pas la remplacer. Le bilan de cette « expérience » nous surprend bien au-delà de ce que nous en attendions.

Il ya 6 mois presque jour pour jour, notre Peugeot 307 rendait l'âme après 8 ans de bons et loyaux services. Rayée et cabossée (en grande partie par mes soins, je l'avoue), ses sièges avaient reçu quelques vomis d'enfants, les milliers de miettes de goûters et son coffre avait transporté des tonnes de cours familiaux. Elle nous avait mené aux vacances d'été, hissés jusqu'aux montagnes pour skier l'hiver.
Le coût des visites, de plus en plus fréquentes, chez le garagiste, augmentait au fur à mesure que sa valeur diminuait. Le dernier diagnostic a été sans appel : la courroie de distribution coutait plus cher que le véhicule. La batterie et je-ne-sais-plus-quelle-autre-pièce étaient dans la file d'attente pour être prévue. Quitte à s'en séparer, c'était le bon moment. Nous l'avons donc vendue pour les pièces et décidé de ne pas remplacer avant une année.

Pour rappel, nous sommes une famille de 4. Au moment de cette décision, nos enfants âgés de 8 et 5 ans n’avaient besoin que d’un rehausseur. Nous habitons au centre ville de Lausanne, à 12 minutes à pied de la gare. Les enfants peuvent aller à pied à l’école et mes bureaux sont à 100 mètres de chez nous. Mon mari a la possibilité d’aller travailler en train ou en bus. Enfin et non des moindres, nous habitons entre plusieurs sites Mobility. C’est un système de voitures communautaires, un peu comme le Vélib. Nous nous sommes donné un an pour décider de la pertinence du rachat d’une voiture. A mi-chemin, voici nos premières conclusions

Phase d’adaptation : plus de voiture, c’est dur ?

Le premier mois est le plus difficile, indéniablement. Il faut changer les habitudes, le cerveau résiste un peu, comme si « les choses n’étaient pas à leur place ». Un exercice qui est inconfortable sans pour autant être douloureux ou pénible. C’était plus difficile pour mon mari que pour moi. Comme pour encourager la traversée de cette phase d’adaptation, nous avons reçu de bonnes surprises financières : remboursement de l’assurance et des impôts pour le trop-perçu en début d’année, disparition des frais de parking, d’essence. C’est encourageant.

Anticiper et diversifier

Après quelques week-ends au cours desquels nous n’avons pas fait grand-chose, faute d’avoir anticipé la réservation d’une voiture, nous nous sommes mieux organisés. Désormais, dès le jeudi, météo à l’appui, nous nous questionnons sur nos envies et nous organisons en conséquence. Auparavant, nous attendions parfois de nous retrouver tous assis dans la voiture pour nous demander « Bon, qu’est-ce qu’on fait ? ». Cette « obligation » d’anticiper fait que nous avons des week-ends plus qualitatifs : culturels, sportifs, conviviaux ou … délibérément oisifs !

Nos modes de déplacement se sont multipliés. Nous utilisons certes Mobility mais aussi le bus, le train, le vélo, le taxi, le covoiturage et la marche ! Mon mari a acheté un vélo de deuxième main. L’été faisant, il a pris goût à ces trajets en plein air. Il s’est aussi rendu compte qu’il y a une communauté de cyclistes fort sympathique à Lausanne. Annoncer que l’on circule à vélo est un élément identitaire. Pour les enfants aussi, expliquer à leurs copains (ou à la maîtresse) que « on n’a jamais la même voiture mais elle est toujours rouge et c’est écolo » est associé à une sentiment de fierté.

La réaction de l’entourage

Nous avons été surpris de la manière dont notre entourage (amis, famille) a vite enregistré le fait que nous n’avions plus de voiture. Lorsque des activités communes sont organisées, ils nous proposent spontanément du co-voiturage ou intègrent d’emblée des alternatives telles que le train.

Visiblement, notre démarche fait réfléchir, questionne les modes de vie et suscite des interrogations. Pour certains, ce n’est pas d’actualité : « j’y viendrai mais je ne suis pas encore prêt », « les enfants sont encore trop petits ». D’autres nous ont beaucoup surpris : un proche s’est « jeté à l’eau » au moment où sa voiture a rendu l’âme. Il n’avait pas les fonds pour en racheter une dans l’immédiat et a décidé de tenter l’expérience Mobility pendant quatre mois (cela correspond à une offre d’essai gratuite). Il vit en campagne et n’a pas de point Mobility très proche mais, avec son épouse, ils avaient deux voitures. En cherchant à fonctionner mieux ensemble, ils arrivent à combler le « gap ».

Financièrement la différence est là

Nous ne nous y attendions pas : les économies ne sont pas seulement venues du poste de dépenses « transports ». Auparavant, nous faisions les courses en supermarché, c’est à dire dans un temple dédié à la tentation. Même avec une liste de courses, nous revenions toujours avec quelques achats supplémentaires. Désormais nous faisons nos courses en ligne avec livraison à domicile (qui, par le biais de promotions, est offerte lorsqu’on le fait régulièrement), cela limite drastiquement les achats spontanés. D’une manière assez logique, nous faisons nos courses en fonction de menus et nous avons beaucoup diminué le gaspillage alimentaire. Cela se ressent sur notre budget.
Côté déplacements, nous ne payons plus d’assurance, d’amortissement, d’essence, de réparations, d’impôt, ni de place de parking à notre domicile. En contrepartie, les factures de Mobility correspondent environ au tiers de notre ancien budget voiture tout confondu (soit, sur une année, à peu près le budget d’une semaine de vacances).

Retrouver du temps et du lien

Se déplacer sans voiture prend du temps sans en faire perdre. C’est étrange à écrire et aussi à vivre.
Dans un bus, un train, une « bulle » s’ouvre pour lire, écouter attentivement un podcast, avoir du temps pour soi sans qu’une moitié de cerveau tourne « en pilote automatique ». C’est reposant.  Dans le bus, assise face aux enfants, je débriefe les anecdotes du jour , leur humeur, ce que je faisais rarement en voiture. J’ai toujours manqué de temps pour faire du sport et cela n’a pas changé mais je marche davantage. Avec 10’000 pas au compteur en fin de journée, je culpabilise moins et je suis probablement en meilleure santé.

Dans les transports en commun on peut choisir de s’isoler ou chercher le contact. De temps à autre j’engage la conversation avec des gens que je ne connais pas. Cela m’a valu de jolies discussions.
Notez bien que dans cette observation, je ne peux pas parler au nom des pendulaires qui souffrent de la surpopulation des transports jusqu’à en devenir autistes. Etant assez libre de mes horaires, je suis rarement confrontée à la foule.

J’observe aussi, surtout en regardant les automobilistes, que la voiture est un des derniers territoires individuels. Seul(e) dans sa tonne d’acier personnelle, on peut chanter comme Maria Carrey, s’exploser les tympans au Heavy metal, se curer le nez, fumer comme un pompier, jurer comme un charretier ou que-sais-je. Difficile d’en faire autant dans le train sauf peut-être à l’heure des sorties de boite de nuit. La société évolue vers une socialisation accrue et non délibérée (les bureau open-space l’illustrent bien). Il me semble qu’être attentif à déplacer ce territoire personnel (et non à le supprimer par inadvertance) contribuera positivement à l’abandon de la voiture personnelle.

On parle souvent de « charge mentale », sans voiture elle s’allège considérablement. Mobility s’occupe de nettoyer ses véhicules, de changer les pneus, de faire les vidanges. Toute cette gestion est remplacée par le fait de devoir utiliser l’application pour réserver la voiture, ce qui prend tout au plus 3 minutes. Le bilan est lourdement positif de ce point de vue.

En conclusion, renoncer à la voiture nous permet effectivement d’économiser d’avoir une meilleure qualité de vie. Contre toute attente, nous retrouvons aussi une certaine sensation de liberté (exactement l’inverse de ce que les constructeurs automobile cherchent à nous vendre, tiens, tiens, ça ne vous rappelle rien ?).

Même si nous ne prendrons officiellement notre décision qu'à l'issue de l'année sans voiture, vous aurez deviné qu'il est fort probable que nous y renoncions définitivement.

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