Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables: cinquième principe de la permaculture.

principes permaculture Mar 22, 2018

J’aime beaucoup l’expression «réinventer la roue». Cette interjection un peu absurde recèle l’évolution fondamentale que nous allons devoir mener vis-à-vis des ressources renouvelables. À bien y regarder, à bien y réfléchir, il existe presque toujours une variante à nos activités quotidiennes, à nos activités entrepreneuriales, basée sur les ressources renouvelables.

Réapprendre à faire confiance à la nature.

À la quatrième génération (arrière-grands-parents), toute ma famille est issue du terroir. À travers les récits (souvent des femmes dans mon cas), j’ai pu déceler les variations du rapport à la nature. La recherche de maîtrise dans l’exploitation est apparue pour se prémunir des mauvaises récoltes. Quitter la ferme pour aller vivre au bourg du village, puis en ville était perçu comme un progrès. L’éloignement de la nature était envisagé comme une augmentation de la sécurité. Aujourd’hui, moi, mes enfants opérons un mouvement de redécouverte complète. Nous réabordons la nature sous un autre angle. Puisque la quête de la maîtrise totale de la nature a dégradé les systèmes et les processus biologiques spontanés. Nous revenons tranquillement à un meilleur équilibre entre productivité et diversité.

Mais il ne faut pas être naïf ni ingrat. Ce retour à la nature est possible grâce à la sécurité, notamment alimentaire, qui a été établie par nos parents et grands-parents. Je peux explorer l’autonomie avec confiance. Si ma récolte de tomates est dévastée, il y en a plein les supermarchés. L’enjeu n’est pas (encore) vital, ni même de confort. Finalement dans le désastre écologique qui nous entoure, il y a un magnifique cadeau: une fenêtre de transition pour considérer une relation collaborative avec la nature et aménager des systèmes résilients. Installer un système en permaculture demande du temps. Nous avons ce luxe aujourd’hui.

C’est quoi les ressources renouvelables?

Les ressources renouvelables se remplacent par des processus naturels (sans intervention humaine d’aucune sorte) sur des périodes de temps humainement raisonnables. Dans l’absolu le pétrole est renouvelable, mais à l’échelle humaine il ne l’est pas. En langage comptable, les ressources renouvelables sont nos sources de revenus. Les ressources non renouvelables sont à envisager comme un capital immobilisé. Dès lors, la métaphore est limpide: à long terme, on ne peut pas dépenser le capital pour les dépenses courantes. Le travail de design de permaculture formalise  la meilleure utilisation possible des ressources renouvelables pour générer une production puis la maintenir. À noter qu’il est parfois nécessaire d’utiliser certaines ressources non renouvelables pour établir les systèmes au départ.

Est-ce vraiment si compliqué?

Présenter une corde à linge comme un «sèche-linge solaire» ou décortiquer l’itinéraire d’une petite cuillère en plastique qui a pour seule vocation de nous éviter de faire la vaisselle, sont des démarches qui utilisent le comique par l’absurde. Cet absurde est au cœur de nos vies, dans beaucoup de nos gestes quotidiens, mais nous ne le voyons plus. Des gadgets complexes et inutiles nous envahissent pour remplir des tâches simples. À ce titre, les mouvements minimalistes sont des bouffées d’air à expérimenter d’urgence.

Ce qui ne cesse de m’étonner dans les solutions durables, c’est leur simplicité et leur évidence. Si leur adoption suscite des résistances parce qu’elle questionne nos habitudes. Un simple test (les défis de 21 jours sont un bon outil pour cela) persuade facilement de leur légitimité.

La corde à linge a des années d’avance sur le sèche-linge électrique en terme de durabilité.
Le bois de chauffage (généré par une forêt exploitée de manière durable) constitue une ressource locale et renouvelable.
Les exploitations agricoles permaculturelles utilisent des cochons ou des poules pour préparer le sol avant de planter, évitant ainsi le recours au tracteur, aux pesticides et aux engrais chimiques.
Des plantes médicinales, cultivées et transformées localement répondent à une grande partie de notre bobologie quotidienne, renforçant au passage notre confiance dans notre propre capacité à maintenir notre santé.
Nos propres déjections, débarrassées d’éventuels germes pathogènes par la fonction écologique des microbes dans des toilettes à compost, sont un engrais fertile et universel, mais nous sommes pour la plupart devenus incapables de les regarder comme telles.

Un élément, plusieurs fonctions.

Les plantes, les animaux, l’eau, la vie du sol offrent en «bonus», des services renouvelables (ou fonctions passives) sans qu’ils soient consommés. Par exemple, avant son abattage pour l’usage de son bois, un arbre (ressource renouvelable) aura offert ombre et abri sans aucune dépense d’énergie. Ce type d’évidence est essentiel pour reconfigurer des systèmes dans lesquels trop de fonctions simples sont corrélées à l’utilisation de ressources non renouvelables et non durables.

L’ingrédient ultime (et renouvelable)

Pour revenir à un usage et une valorisation systématique des ressources renouvelables, il n’est besoin que d’un ingrédient. Lui aussi renouvelable, pour autant qu’on s’autorise à l’utiliser. Il s’agit de notre créativité. Face aux enjeux écologiques auxquels nous faisons face, je me réjouis de voir la fulgurante avec laquelle nous allons redécouvrir l’usage des ressources renouvelables. Je me réjouis aussi de voir les comportements régénératifs qui vont être imaginés car nul doute qu’une contrainte de cette ampleur va potentialiser nos ressources internes.

 

 

Pour découvrir les autres principes de la permaculture :

Principe 1: Observer et interagir.

Principe 2: Collecter et stocker l’énergie

Principe 3: Créer une production

Principe 4: Appliquer l’auto-régulation et accepter la rétroaction

Principe 5: utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables

Principe 6: Ne pas produire de déchets

Principe 7: Partir des structures d’ensemble pour en arriver aux détails

Principe 8: Intégrer plutôt que séparer

Principe 9: Utiliser des solutions à des petites échelles et avec patience.

Principe 10: Utiliser et valoriser la diversité

Principe 11: Utilisez les interfaces et valoriser les bordures

Principe 12: Utiliser le changement et y réagir de manière créative.

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